
15 Déc Feldenkrais face au Yoga
Depuis longtemps, je me demande pourquoi le yoga est plus connu et pratiqué que la méthode Feldenkrais.
Bien sûr la principale raison est que le yoga est une technique bien plus ancienne que Feldenkrais : les premiers écrits du yoga remontent au IIème siècle avant J.-C, alors que ceux de Feldenkrais datent des années 1940. Cette question m’a amenée à réfléchir sur les principales différences entre ses deux pratiques corporelles.
Chacune m’a apporté différents éléments dans mon chemin vers une meilleure compréhension de mon corps et de moi-même.
Depuis qu’elles sont arrivées dans ma vie, j’ai toujours pratiqué ces deux techniques en parallèles. En revanche, je privilégie l’une par rapport à l’autre, par périodes, selon mes besoins, mes envies et objectifs personnels du moment.
Quand je parle du Yoga, je fais référence à mes seules expériences que sont le Hatha yoga , Vinyasa et Asthanga.
Philosophies d’effort et de facilité
J’ai grandi dans la culture de l’effort, dans l’idée de que pour réussir, il faut souffrir.
Je retrouve cette philosophie dans les cours de yoga. Quand on doit réussir une posture dans laquelle notre corps n’est pas prêt, on doit faire appel à notre volonté et détermination. On accepte alors la douleur physique notamment dans des muscles dont on ignorait encore l’existence.
L’idée selon laquelle « ça doit se passer comme ça » est juste, mais pas indispensable. Il y a d’autres chemins bien que j’aie grandi avec l’idée que c’était le seul. En effet, petite, mon coach me répétait sans cesse : « trabajo duro, exito seguro » (Si tu travailles dur, ton succès est assuré). Si cette phrase m’accompagne encore aujourd’hui, je rajouterai « travailles dur et intelligemment »
C’est la première différence que je constate avec Feldenkrais. Un de ses principes est de chercher le chemin le plus facile, avec le moins d’effort possible, avec des sensations agréables, en évitant la douleur. La réussite n’est pas l’objectif en lui-même, il est la conséquence d’un processus joyeux et plaisant.
Le maitre et le guide
Pendant un cours de yoga, le professeur est un maître. Il fait la démonstration des postures qu’il maîtrise. Ses élèves sont censés les reproduire comme lui, c’est un modèle à suivre. Ils pratiquent pour acquérir sa souplesse, sa force et sa maîtrise.
Pendant un cours de la méthode Feldenkrais, le professeur est un guide et non un maître. Il nous donne des consignes pour nous accompagner dans un processus propre à chacun. Il nous apprend à sentir et à écouter notre corps. Il nous donne des outils pour nous aider à optimiser notre posture et nos mouvements, et ce, à partir d’un questionnement permanent.
Des efforts différents
Durant un cours de yoga, l’effort à fournir est avant tout physique. Nous sommes dans l’action, nous réalisons les postures, les unes après autres, sans nécessairement nous poser de questions. Nous faisons appel à notre force, souplesse, persévérance, discipline…
Durant un cours de Feldenkrais, l’effort est avant tout attentionnel. Nous sommes dans l’exploration, la recherche. Nous nous questionnons sur l’orientation et la direction du mouvement, sur nos actions. Nous faisons appel à notre présence, notre motivation, notre intention, notre capacité attentionnelle (écoute et ressenti), à notre flexibilité mentale, notre capacité à apprendre…
Des entrées sensorielles et rythmes différents
Durant un cours de yoga, nous avons principalement recours à la vue, nous ne sommes pas dépendants des consignes verbales du professeur. Le déroulement du cours est généralement dynamique.
Dans un cours de Feldenkrais, nous devons être en permanence attentifs aux consignes verbales du professeur pour pas nous perdre. Le rythme est lent et les yeux sont fermés.
Conclusion
Par le développement de l’écoute et de la conscience de soi et de nos propres fonctionnements, la méthode Feldenkrais a une dimension psychologique. Ses outils de travail sont le mouvement et l’attention dirigée. Elle ne propose ni philosophie, ni code de comportement, ni de morale, simplement la notion de possibilités et de choix.
Je me demande si, indépendamment de son ancienneté, ces différences donnent au yoga plus de notoriété qu’à Feldenkrais.
Les principaux points en commun sont probablement d‘apporter à leurs pratiquants bien-être physique et meilleure connaissance de soi.
En tout cas, Je regrette le manque de notoriété de la méthode Feldenkrais alors que, selon mon expérience, elle est l’une des pratiques les plus puissantes pour acquérir une conscience du corps profonde et un bien-être physique durable dans le temps. J’espère qu’un jour, le publique concerné connaîtra son existence.
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